Les mots de ce carnet se succèdent à un rythme soutenu, comme si chaque mot placé dans chaque vers sur le chemin d'une totalité (le poème) constituait un acte sacré, presque un acte complet où dire c'est faire, faire c'est frôler l'ignorance la plus totale, je sais qu'elle nous bouleverse, qu'elle bouleverse tout dans une errance continuelle entre l'espoir et le désespoir : une interruption éternelle. Nous sommes ici « devant la dernière lumière qui travaille cela, pas l'obscurité » ; ici et nulle part ailleurs, ici est le seul adverbe qui intéresse Pollard, un point d'appui, un refuge.
« Ici même... l'esprit immonde... la fin du monde (Finis-terre) pour nous tous ».
Nous tous. Nous.
Et c'est ainsi que le mouvement qui fixe, sous-tend, risque une forme de connaissance, aussi minime soit-elle, s'achève dans un sotto voce à peine imperceptible pour de vrai, où Pollard nous convoque en dernière instance à un ici, toujours ici où « Seule la muse peut fouler les rochers » comme Atalante ou la déesse Minerve les fouleraient. --JOS KOZER, Prix ibéro-américain de poésie Pablo Neruda 2013.
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Dernière modification: 2024.11.14 07:32 (GMT)