Note :
Reluctant Partner propose un examen complet de la contribution française à la campagne de Gallipoli, en mettant l'accent sur la dynamique politique et les échecs qui ont conduit à des opérations militaires désastreuses. L'auteur, George H. Cassar, associe des recherches d'archives à une écriture accessible pour mettre en lumière les motivations et les répercussions de stratégies militaires mal conçues, offrant ainsi des leçons précieuses pour les dirigeants contemporains.
Avantages:L'ouvrage présente des recherches approfondies et met en lumière la contribution française à la campagne, souvent négligée. Il combine habilement l'histoire politique et militaire et est bien écrit et captivant. L'examen détaillé des intérêts et des échecs politiques en fait une contribution importante à l'historiographie de Gallipoli.
Inconvénients:Les aspects militaires ne sont pas traités avec autant de détails que certains le souhaiteraient, et le récit militaire comporte des inexactitudes mineures. Certaines critiques portent sur la perpétuation d'affirmations historiques dépassées et sur l'absence de reconnaissance des recherches récentes en matière d'opérations militaires.
(basé sur 3 avis de lecteurs)
Reluctant Partner: The Complete Story of the French Participation in the Dardanelles Expedition of 1915
Aucune campagne de la Grande Guerre n'a fait l'objet d'une attention et d'une controverse aussi intenses et prolongées que celle des Dardanelles. La perception générale est qu'il s'agissait d'une opération impliquant des troupes britanniques et de l'Empire. Le rôle des Français est à peine mentionné, voire pas du tout. En tant que partenaires juniors, la contribution française n'est pas comparable à celle des Britanniques, mais elle est néanmoins significative. Au cours des dix mois qu'a duré l'opération, le gouvernement français a envoyé aux Dardanelles six cuirassés pré-dreadnought, quatre croiseurs et une multitude de navires auxiliaires, dont des dragueurs de mines et des sous-marins. En outre, il a fourni un total de 79 000 soldats, soutenus par de l'artillerie et des obus explosifs. L'objectif de cette étude est de se concentrer sur l'activité des Français afin de donner une image plus complète de l'histoire.
Le principal facteur qui a influencé la décision des Français de se joindre à l'expédition des Dardanelles menée par les Britanniques était la protection de leurs intérêts au Proche-Orient. Les liens économiques et culturels de la France avec l'Empire ottoman sont profonds et anciens, et elle veut s'assurer que les Britanniques ne s'établissent pas dans une région qu'elle convoite. Partant du principe que la victoire était acquise, les Alliés se concentrèrent d'emblée sur le futur démembrement de la Turquie plutôt que sur les besoins de la campagne elle-même. C'est une leçon qu'ils allaient payer cher.
Les Français ont participé à l'attaque navale majeure du 18 mars 1915, au cours de laquelle ils ont attaqué les forts turcs à bout portant. Le cuirassé Bouvet est tombé sur un champ de mines non détecté et a coulé, entraînant la perte de plus de 600 membres d'équipage. L'échec des navires alliés à forcer le passage à travers le détroit a incité les Britanniques à envoyer l'armée pour prendre le contrôle de la péninsule de Gallipoli. Lors du premier débarquement, le 25 avril, les forces britanniques et australiennes parviennent à s'emparer des plages, mais ne parviennent pas à progresser à l'intérieur des terres. En revanche, la feinte du contingent français à Kum Cale a atteint son objectif, puisqu'elle visait à empêcher les troupes asiatiques turques de traverser la voie d'eau pour renforcer leurs camarades sur la péninsule au début de la bataille. Par la suite, les forces françaises furent transférées au cap Helles et placées à l'extrémité orientale de la ligne britannique, où leurs efforts lors des trois batailles de Krithia furent contrariés par la terrible configuration du terrain, aggravée par les tirs de flanc des batteries ennemies en Asie. Sur l'ensemble de l'action militaire, le nombre de Français tués, blessés ou disparus au combat est évalué à 27 000, ce qui est disproportionné par rapport au nombre de Britanniques (70 000).
Les Français se contentent de jouer les seconds rôles jusqu'au mois d'août où, frustrés par l'absence de progrès sur le front occidental, ils décident de renforcer leurs forces dans les Dardanelles où elles joueront un rôle de commandement et seront le fer de lance de la prochaine offensive. L'objectif du gouvernement déclenche une lutte acharnée avec le général Joffre, qui s'oppose au retrait de forces importantes de son front. Le gouvernement trouve finalement le courage de passer outre Joffre, mais au moment où les troupes sont prêtes à partir pour les Dardanelles, les Puissances centrales attaquent la Serbie. Presque du jour au lendemain, le cabinet français revient sur sa décision et propose de transférer ses troupes dans les Balkans pour aider la Serbie, sans consulter Londres. Les Français n'ont pas assez de troupes pour mener à bien la mission et tentent donc d'intimider les Britanniques pour qu'ils fassent de même. Les Britanniques, déjà très occupés par d'autres engagements, refusent catégoriquement de s'impliquer dans une nouvelle opération, surtout si elle est vouée à l'échec. Ils résistent pendant des semaines, mais finissent par céder pour éviter de mettre l'Alliance à rude épreuve, voire de la fracturer. Ne disposant pas des ressources nécessaires pour soutenir deux fronts à l'est, les Britanniques sont contraints d'évacuer la péninsule de Gallipoli, ce qui, fait remarquable, se fait sans la perte d'un seul homme.
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Dernière modification: 2024.11.14 07:32 (GMT)