Note :
Les mémoires de Bella Chagall, « Burning Lights », offrent un aperçu poétique et évocateur de son enfance dans la vie juive hassidique de la Russie pré-révolutionnaire, complété par les illustrations de son mari Marc Chagall. Si de nombreux lecteurs ont trouvé ce livre enchanteur et profondément perspicace, d'autres ont critiqué son langage simpliste et son manque de contexte culturel.
Avantages:⬤ Magnifiquement écrit dans un langage poétique
⬤ donne un aperçu personnel de la culture hassidique
⬤ présente de charmantes illustrations de Marc Chagall
⬤ évoque des images et des émotions vives
⬤ éclairant pour ceux qui ne connaissent pas la vie juive en Europe
⬤ trouve un écho auprès des lecteurs qui apprécient l'art et l'histoire.
⬤ Certains trouvent l'écriture trop simpliste et enfantine
⬤ manque de détails culturels spécifiques sur la Biélorussie
⬤ peut sembler monotone ou irréaliste en termes de souvenirs
⬤ tous les lecteurs ne se sentent pas concernés par le style rêveur
⬤ certains le critiquent comme étant peu inspirant.
(basé sur 18 avis de lecteurs)
Burning Lights
C'est une chose étrange : un désir me vient d'écrire, et d'écrire dans ma langue maternelle chancelante, que je n'ai pas parlée depuis que j'ai quitté la maison de mes parents. Alors que mes années d'enfance s'étaient éloignées de moi, elles me reviennent soudain, de plus en plus proches, si proches qu'elles pourraient me souffler dans la bouche.
Je me revois si clairement, petite chose dodue, petite fille qui courait partout, se frayant un chemin d'une porte à l'autre, se cachant comme un petit ver recroquevillé, les pieds sur les larges rebords de nos fenêtres. Mon père, ma mère, les deux grands-mères, mon beau grand-père, ma propre famille et celles des autres, les nantis et les nécessiteux, les mariages et les enterrements, nos rues et nos jardins, tout cela coule devant mes yeux comme les eaux profondes de notre Dvina. Mon ancienne maison n'existe plus.
Tout a disparu, même les morts.
Mon père, que ses prières nous aident, est mort. Ma mère est vivante et Dieu seul sait si elle vit encore dans une ville non juive qui lui est tout à fait étrangère.
Les enfants sont dispersés dans ce monde et dans l'autre, les uns ici, les autres là. Mais chacun d'eux, à la place de son héritage disparu, a emporté avec lui, comme un morceau du linceul de son père, le souffle de la maison parentale. Je déplie mon morceau d'héritage, et aussitôt montent à mon nez les odeurs de mon ancienne maison.
Mes oreilles commencent à résonner de la clameur de la boutique et des mélodies que le rabbin chantait les jours de fête. De chaque coin, une ombre jaillit, et à peine l'ai-je touchée qu'elle m'entraîne dans un cercle dansant avec d'autres ombres. Elles se bousculent, me poussent dans le dos, m'attrapent par les mains, les pieds, jusqu'à ce qu'elles tombent toutes ensemble sur moi comme une foule de mouches bourdonnantes par une chaude journée.
Je ne sais pas où me réfugier. Alors, pour une fois, j'ai très envie d'arracher à l'obscurité un jour, une heure, un moment de ma maison disparue.
Mais comment faire revivre un tel moment ? Mon Dieu, il est si difficile de tirer de souvenirs sans chair un fragment de vie passée ! Et s'ils s'éteignaient, mes maigres souvenirs, et s'éteignaient avec moi ? Je veux les sauver. Je me souviens que toi, mon fidèle ami, tu m'as souvent demandé avec affection de te raconter ma vie au temps où tu ne me connaissais pas encore. C'est donc pour toi que j'écris.
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Dernière modification: 2024.11.14 07:32 (GMT)