La domination sans hégémonie : Une analyse historique du colonialisme en Inde

Dominance sans hégémonie : Histoire et pouvoir dans l'Inde coloniale (Ranajit Guha)

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Titre original :

Dominance Without Hegemony: History and Power in Colonial India

Contenu du livre :

Qu'est-ce que le colonialisme et qu'est-ce qu'un État colonial ? Ranajit Guha souligne que l'État colonial en Asie du Sud était fondamentalement différent de l'État bourgeois métropolitain qui l'avait engendré. L'État métropolitain avait un caractère hégémonique et sa prétention à la domination reposait sur une relation de pouvoir dans laquelle la persuasion l'emportait sur la coercition.

À l'inverse, l'État colonial n'était pas hégémonique et, dans sa structure de domination, la coercition était primordiale. En effet, l'originalité de l'État colonial sud-asiatique résidait précisément dans cette différence : paradoxe historique, il s'agissait d'une autocratie mise en place et soutenue en Orient par la première démocratie du monde occidental. Il n'était pas possible pour cet État non hégémonique d'assimiler la société civile des colonisés à la sienne.

Ainsi, l'État colonial, tel que Guha le définit dans cet ouvrage très argumenté, était un paradoxe : une domination sans hégémonie. La domination sans hégémonie avait également un aspect nationaliste.

Celui-ci est né d'un clivage structurel entre l'élite et les domaines subalternes de la politique, et de l'incapacité de la bourgeoisie indienne à intégrer de vastes pans de la vie et de la conscience du peuple dans une hégémonie alternative. Cette situation difficile est examinée sous l'angle du projet nationaliste consistant à anticiper le pouvoir en mobilisant les masses et en produisant une historiographie alternative.

Dans les deux cas, l'élite prétendait parler au nom du peuple constitué en nation et cherchait à contester les prétentions d'un régime étranger à représenter les colonisés. La rivalité entre un aspirant au pouvoir et son titulaire était par essence une lutte pour l'hégémonie.