Rachel Harrison: If I Did It
La couverture de la deuxième monographie très attendue de Rachel Harrison est ornée d'un monument informel à l'homme qui porte le nom des Amériques.
Le seul indice de ce monument à la mémoire de l'explorateur italien du XVe siècle, Amerigo Vespucci, est une pomme reposant sur un affleurement de ciment vert fluo ; bien entendu, le fait que la pomme soit non seulement artificielle, mais qu'elle ait été croquée, suggère le contraire quant à la découverte de ces continents « édéniques ». Ce fait, léger mais important, soulève le concept de base de If I did it : le désaveu actif de la fonction politique de l'art en tant que testament muséologique du « progrès » de l'histoire sociale.
En se débarrassant de cette propension monumentale, Harrison construit des « antimonuments », qui ne sont pas tant des sculptures que des agrégats de psychologie populaire. Outre Vespucci, on découvre tout au long du livre que les célébrités Johnny Depp et Tiger Woods figurent au panthéon avec John Locke et le révolutionnaire corse du XVIIIe siècle Pasquale Paoli, tandis qu'Al Gore vérifie la température, que Claude Levi-Strauss contrôle la porte avec une poule et un coq taxidermisés et qu'un Alexandre le Grand bi-curieux est le maître de cérémonie. Le titre, tiré du tristement célèbre récit « hypothétique » d'O.
J. Simpson sur le meurtre de Nicole Brown Simpson et de Donald Goldman, regroupe cet appel de rôles d'idoles de haut et de bas étage en un tableau non hiérarchique où la valeur culturelle et politique n'est attribuée qu'en fonction de ce que l'on souhaite.
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Dernière modification: 2024.11.14 07:32 (GMT)