Note :
Les critiques du livre de Boltanski révèlent une division entre sa rigueur académique et son accessibilité pour les lecteurs généraux. Si l'ouvrage propose une exploration sociologique approfondie du roman policier et du roman noir sous différents angles, certains lecteurs le trouvent trop dense et difficile à aborder. D'autres apprécient les perspectives qu'il offre sur la relation entre la littérature, la société et les concepts de réalité.
Avantages:⬤ Une exploration sociologique et philosophique fascinante du roman policier.
⬤ Offre des perspectives profondes sur la relation entre la littérature et la dynamique sociale.
⬤ Aborde des œuvres et des auteurs classiques tels que Conan Doyle et Graham Greene.
⬤ Contient une bibliographie substantielle, des notes en fin d'ouvrage et un index, ce qui renforce sa valeur académique.
⬤ Stimule la pensée critique et la discussion sur la nature de la réalité dans la littérature.
⬤ Le style est très académique, ce qui peut aliéner les lecteurs généraux.
⬤ Certaines sections sont denses et difficiles à comprendre sans connaissances préalables des concepts sociologiques.
⬤ Les arguments peuvent sembler artificiels ou mal reliés à la fiction, ce qui peut entraîner une certaine frustration chez le lecteur.
⬤ Il manque des références à certains auteurs et ouvrages clés, que certains lecteurs considèrent comme essentiels à la discussion.
(basé sur 9 avis de lecteurs)
Mysteries and Conspiracies: Detective Stories, Spy Novels and the Making of Modern Societies
Le roman policier, centré sur les enquêtes, et dans son sillage le roman d'espionnage, construit autour des conspirations, se sont développés comme des genres à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Au cours de la même période, la psychiatrie inventait la paranoïa, la sociologie concevait de nouvelles formes de causalité pour expliquer la vie sociale des individus et des groupes et la science politique déplaçait la problématique de la paranoïa du domaine psychique au domaine social et cherchait à expliquer les événements historiques en termes de théories de la conspiration. Dans chaque cas, la réalité sociale était mise en doute. C'est à l'État-nation, tel qu'il se dessine à la fin du XIXe siècle, que l'on doit le projet d'organiser et d'unifier cette réalité à l'échelle d'une population et d'un territoire.
La figure du complot est ainsi devenue le point de convergence des soupçons sur l'exercice du pouvoir. Où se situe réellement le pouvoir et qui le détient ? Les autorités nationales qui en sont présumées responsables, ou d'autres organismes agissant dans l'ombre - banquiers, anarchistes, sociétés secrètes, classe dirigeante ? Des questions de ce type ont servi d'échafaudage à des ontologies politiques qui misaient sur une réalité doublement distribuée : une réalité officielle mais superficielle et son contraire, une réalité plus profonde, cachée, menaçante, non officielle mais bien plus réelle. Le roman policier et le roman d'espionnage, la paranoïa et la sociologie - inventions plus ou moins concomitantes - avaient en commun une nouvelle façon de problématiser la réalité et de travailler sur les contradictions qui lui sont inhérentes.
Les péripéties du conflit entre ces deux réalités - superficielle et réelle - constituent la trame de ce livre très original. En explorant l'œuvre des grands maîtres du roman policier et du roman d'espionnage - G. K. Chesterton, Arthur Conan Doyle, John Le Carre et Graham Greene entre autres - Boltanski montre que ces œuvres de fiction et d'imagination nous disent quelque chose de fondamental sur la nature des sociétés modernes et de l'État moderne.
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Dernière modification: 2024.11.14 07:32 (GMT)