Note :
The Invisible Landscape de Terence et Dennis McKenna présente une interaction complexe entre la psychothérapie jungienne, la chimie du cerveau et les psychédéliques, explorant des concepts philosophiques profonds sur la conscience et la réalité. L'ouvrage a reçu des critiques mitigées, certains faisant l'éloge de ses perspectives spéculatives et de ses idées novatrices, tandis que d'autres critiquent son langage technique et son accessibilité.
Avantages:⬤ Des théories novatrices reliant la psychologie, la conscience et la chimie du cerveau
⬤ une exploration perspicace des psychédéliques et de leurs effets
⬤ engageant pour ceux qui s'intéressent à la philosophie spéculative
⬤ une perspective unique sur la réalité et la perception
⬤ salué comme un classique par les fans de McKenna.
⬤ La lourdeur du langage technique peut rendre l'ouvrage difficile à comprendre pour les non-scientifiques
⬤ manque de fluidité et de clarté dans certaines sections
⬤ certains lecteurs le trouvent laborieux et déroutant
⬤ pas accessible au grand public
⬤ parties écrites par Dennis McKenna jugées trop techniques.
(basé sur 74 avis de lecteurs)
The Invisible Landscape: Mind, Hallucinogens, and the I Ching
Chapitre 1La figure du chamanDe toutes les institutions religieuses que l'homme a élaborées depuis le début de l'histoire, celle du chamanisme est l'une des plus singulières et probablement aussi l'une des plus archaïques. Le chaman est en quelque sorte un franc-tireur parmi les praticiens religieux. Alors que le chamanisme est présent dans pratiquement toutes les cultures de la planète, se manifestant dans des traditions religieuses à la fois anciennes et modernes, à la fois "primitives" et sophistiquées, le chaman reste éminemment individualiste, idiosyncrasique et énigmatique, se tenant toujours à l'écart des institutions ecclésiastiques organisées, tout en remplissant des fonctions importantes pour la vie psychique et religieuse de la culture. Comparable, mais pas identique, à des praticiens idiosyncrasiques tels que les guérisseurs et les sorciers, le chaman possède des techniques à l'efficacité prouvée et des pouvoirs à la limite du paranormal, dont la compréhension complète échappe encore à la psychologie moderne. C'est cette figure complexe et fascinante du chaman que nous voulons analyser d'un point de vue à la fois sympathique, interprétatif et psychologique, afin de répondre aux questions suivantes : (1) Quels sont les aspects traditionnels du chamanisme tel qu'on le rencontre dans les cultures primitives ? (2) Quelle est la nature de la personnalité et des capacités chamaniques, et quel est le rôle psychologique du chaman dans la société en général ?
Et (3) existe-t-il des institutions analogues au chamanisme dans la société moderne ? La vocation de chaman se retrouve dans presque toutes les cultures archaïques, des aborigènes australiens aux Indiens Jivaro du centre de l'Équateur et du Pérou, en passant par les tribus yakoutes de Sibérie. On pense qu'il est né chez ces peuples sibériens, bien que sa diffusion dans d'autres cultures ait dû avoir lieu très tôt dans la préhistoire car, avec les sorciers, les magiciens et les prêtres, le chamanisme peut être considéré comme l'une des professions les plus anciennes. Le mot "chaman" est dérivé du terme toungouse "saman", lui-même dérivé du pali "samana", ce qui indique une possible influence méridionale (bouddhiste) parmi ces peuples nordiques (Eliade 1964, p. 4951). Eliade distingue le chaman des autres types de praticiens religieux et magiques principalement sur la base de sa fonction et de ses techniques religieuses : "... on croit qu'il guérit, comme tous les médecins, et qu'il accomplit des miracles de fakir, comme tous les magiciens, qu'ils soient primitifs ou modernes. Mais au-delà, c'est un psychopompe, et il peut aussi être prêtre, mystique et poète". Il définit ensuite le chaman comme un manipulateur du sacré, dont la fonction principale est d'induire l'extase dans une société où l'extase est la première expérience religieuse. Le chaman est donc un maître de l'extase, et l'art de chamaniser est une technique d'extase (Eliade 1964, p. 4).
Dans les sociétés archaïques, une personne (homme ou femme) peut devenir chamane principalement de deux manières : par transmission héréditaire ou par élection spontanée. Dans les deux cas, le chamane novice doit subir une épreuve initiatique avant d'accéder au statut de chamane à part entière. L'initiation comporte généralement deux aspects : un aspect extatique, qui se déroule en rêve ou en transe, et un aspect traditionnel, au cours duquel le chaman reçoit un enseignement sur certaines techniques, telles que l'utilisation et la signification du costume et du tambour chamaniques, le "langage secret des esprits", les noms des esprits auxiliaires, les techniques de guérison, l'utilisation des plantes médicinales, etc. Ces techniques traditionnelles du chamanisme ne sont pas toujours transmises par un chaman aîné, mais peuvent être communiquées au néophyte directement par les esprits qui viennent à lui au cours de son extase initiatique. L'absence de rituel public ne signifie en aucun cas que cet enseignement traditionnel est négligé. La partie extatique de l'initiation du chaman est plus difficile à analyser, car elle dépend d'une certaine réceptivité aux états de transe et d'extase de la part du novice : Il peut être morose, quelque peu frêle et malade, prédisposé à la solitude, et peut peut-être avoir des crises d'épilepsie ou de catatonie, ou toute autre aberration psychologique (mais pas toujours, comme l'ont affirmé certains auteurs sur le sujet - cf. Eliade 1964, PP. 23 et suivants et ci-dessous).
En tout état de cause, sa prédisposition psychologique à l'extase ne constitue que le point de départ de son initiation : Le novice, après une histoire de maladies psychosomatiques ou d'aberrations psychologiques plus ou moins intenses, commence enfin à subir la maladie initiatique et la transe ; il reste comme mort ou dans un sommeil profond pendant des jours. Pendant cette période, il est approché en rêve par ses esprits bienfaisants et peut recevoir des instructions de leur part. Invariablement, au cours de cette transe prolongée, le novice subit un épisode de mort mystique et de résurrection : Il peut se voir réduit à l'état de squelette, puis revêtu d'une nouvelle chair ; il peut aussi se voir bouilli dans un chaudron, dévoré par les esprits, puis reconstitué ; il peut aussi s'imaginer opéré par les esprits, ses organes enlevés et remplacés par des "pierres magiques", puis recousus. Bien que les motifs particuliers puissent varier d'une culture à l'autre et même d'un individu à l'autre, le symbolisme général est clair : le chaman novice subit une mort et une résurrection symboliques, qui sont comprises comme une transformation radicale en une condition surhumaine. Désormais, le chaman a accès au plan surnaturel ; il est maître de l'extase, peut voyager à volonté dans le royaume des esprits, peut guérir et diviniser, peut toucher le fer rouge en toute impunité, etc. Bref, le chaman passe d'un état profane à un état sacré.
Non seulement il a effectué sa propre guérison grâce à cette transmutation mystique, mais il est maintenant investi du pouvoir du sacré et peut donc guérir les autres aussi. Il est de la plus haute importance de se rappeler que le chaman n'est pas simplement un homme malade ou un fou ; c'est un homme malade qui s'est guéri lui-même, qui est guéri et qui doit chamaniser pour rester guéri.
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Dernière modification: 2024.11.14 07:32 (GMT)