Inventing the Philosopher: An Essay on the Dialogues of Plato
Il se pourrait bien que ce que nous appelons philosophie n'ait pas grand-chose à voir avec ce que Platon appelle philosophia. Pour lui, la philosophie n'a jamais été ni ne sera jamais assurée de sa possibilité, ni de sa réalité, ni de sa définition, ni même de son nom : la seule chose certaine à son sujet est qu'elle est nécessaire, et nécessaire seulement pour elle-même.
En s'opposant à une étymologie qui fait de la philosophie un " désir de savoir " ou un " amour de la sagesse ", et qui croit ainsi avoir dit tout ce qu'il fallait en dire, Platon explore toutes les implications d'un mot dont il a inventé le sens " philosophique ".
Ce livre veut donc faire deux choses à la fois. Il tente de déterminer les différents sens donnés par Platon au mot philosophia, désignant dans les premiers dialogues la force obstinée qui anime la figure de Socrate ; et du Phédon au Phèdre reçoit ses dimensions intérieures - l'ironie destructrice d'une nature philosophique alliée à un délire fou à la fois érotique et ingénieux ; et à la fin fait articuler sa modalité dialectique et interrogative en même temps qu'il en tire les implications politiques et cosmologiques. Mais voir dans les dialogues l'invention d'une philosophia qui prend conscience de son propre pouvoir exige aussi que l'on détourne son attention de tout contenu doctrinal pour la porter sur la manière dont les problèmes sont posés et reposés, pensés et repensés, et que l'on soit ensuite récompensé pour cela.
Tout l'enjeu de cette entreprise est donc d'inviter le lecteur à lire, librement et scrupuleusement, des textes aussi subtilement déroutants, aussi volontairement fragmentés, aussi multiplement médiatisés qu'ils peuvent l'être.
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Dernière modification: 2024.11.14 07:32 (GMT)